3 pauses conviviales

Design de produit - 2020

Rendre la ville plus conviviale.

3 micro-espaces de pauses dans la ville. L’entreprise SEMCO, fabricante de mobilier urbain, de gestion de stationnement, de kiosques et d’abris, nous a demandé de travailler à l’amélioration du partage de l’espace public urbain pour une mobilité apaisée. Ce projet a été mené parallèlement à ceux de 5 autres designers, impliquant donc une collaboration sur certaines phases.

3 pauses conviviales © Julie Calmettes

Défendre le droit à la ville des habitants, contre l’architecture du mépris

De quelle ville voulons-nous aujourd’hui ? Alors que le mobilier anti-sdf, les assis debout et les rebords de vitrines cloutés fleurissent dans les villes, un fabricant de mobilier urbain comme SEMCO peut jouer un rôle actif dans la définition de la ville de demain. Ainsi, contre cette architecture du mépris, on peut proposer des équipements favorisant l’appropriation de la ville par les habitants.

3 pauses conviviales © Julie Calmettes
L’architecture du mépris désigne les formes d’architecture et d’urbanisme qui tend à rejeter certaines personnes et à limiter les usages de la ville. C’est un terme est emprunté à Georges Perec dans Espèces d’espaces où il le classe dans les espaces inhabitables. L’idée est développé dans le livre “Reprendre place, contre l’architecture du mépris” de Mickaël Labbé.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
Le droit à la ville est un concept développé par Henri Lefebvre (philosophe et sociologue) qui défend l’idée que la ville est un bien commun qui appartient à tous ces habitants. C’est ainsi un lieu de vie aux usages multiples. Il prône l’intégration des citoyens aux processus de construction de la ville.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
Des principes sont empruntés à la Convivialité d’Ivan Illich qui propose un accès libre et large aux outils et l’encouragement d’un diversité des modes de vies entre autre. De ceux-ci sont tirés des principes d’autonomie, de créativité laissée aux individus, de déprofessionnalisation, de participation citoyenne et libre-service.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
L’arrêt est souvent une composante oubliée de la mobilité apaisée : l’absence d’espace dédié à l’arrêt trouble souvent le passage des personnes en mouvement. Des personnes ou des véhicules arrêtés sur la route ou le trottoir rendent difficile le passage. La ville nous oblige ainsi à être dans le mouvement, à ne pas s’arrêter.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
J’ai interrogé des habitants dans la ville sur le comportement que peuvent avoir les autres en ville, ceux que l’architecture du mépris peut chercher à vouloir éviter. Finalement, certains comportements ne gênent pas nécessairement les usagers (des jeunes qui montent sur un banc ou sur des plots, même des skaters en ville). Il existe cependant plus de réserve pour le cas des trottinettes électriques et des tags sur la bancs, qui franchissent la ligne de la dégradation. La notion de libre arbitre, de droit revient souvent : les personnes interrogées penchent plutôt vers la liberté d’usage.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
L’enquête terrain a aussi fait ressortir que les endroits où les personnes interrogées se sentent bien ou leur ville idéale leur donne plus de liberté. Ce qu’ils demandent ne nuit pas à la liberté d’autrui et ne semble pas être déraisonnable pour autrui : pouvoir se poser sur un banc longtemps, s’asseoir par terre, se mettre à danser ou chanter.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
L’appropriation de la ville peut se refléter à divers degrés dans plusieurs actions qu’on essayera donc d’accentuer ou de rendre possible.

Une volonté formulée par les usagers de l’espace public

Lors d’une enquête d’auto-ethnographie et de terrain partagée avec 5 autres designers, j’ai pu me rendre compte et rencontrer plusieurs usagers confirmant le manque d’hospitalité que peut avoir la ville. Alors que les initiatives citoyennes pour protéger une zone de certaines activités, se battre contre la création de centres commerciaux ou contre la privatisation d’espaces publics peuvent essaimer en Europe, les volontés individuelles semblent également tournées vers une ville où on puisse vivre comme bon nous semble. Une ville où on est invité à rester, à s’arrêter dans l’espace public. Une ville qui sert ses habitants, où ils se sentent libres tout en respectant la liberté d’autrui.

3 micro-espaces conviviaux de pause dans la ville

L’absence de mobilier urbain invitant à la pause, à la vie en ville, oblige les individus à être dans un mouvement constant. Ainsi, la proposition de 3 micro-espaces conviviaux s’inscrit dans une volonté de donner aux usagers de l’espace public la liberté de l’investir, d’y rester, de le peupler et de le vivre. La pause du crieur invite à la prise de parole, le débat et le spectacle dans la ville. La pause du cyclo invite les vélos et trottinettes à s’arrêter profiter du paysage et regonfler leurs roues sur le trajet. Enfin, la pause en commun invite au regroupement dans l’espace public.

3 pauses conviviales © Julie Calmettes
Les 3 pauses : la pause du crieur, la pause du cyclo et la pause en commun.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
La pause en commun s’inspire des terrasses et des bars pour proposer de se poser pour un verre ou pour discuter, en regardant vers l’extérieur. Une tablette et un mange debout viennent expliciter cette fonction.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
Il y a deux hauteurs d’assise : celle d’un tabouret de bar et celle d’un fauteuil, incliné vers l’arrière pour inviter à une pause longue et confortable, à l’inverse des assis-debout.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
La pause du crieur s’inspire des crieurs publics et des spectacles de rue pour encourager la prise de parole, le rassemblement citoyen et le débat en ville.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
Créant une estrade pour les musiciens de rue, ils invite à l’attroupement.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
La pause du cyclo reprend l’habitude qu’on les amateurs de vtt de s’arrêter faire une pause là où le paysage rend la pause agréable. Ce mobilier met également à disposition une pompe pour gonfler ses pneus. Proposant une position allongées et légèrement inclinée vers le ciel, c’est une pause lors de trajets en ville qui est encouragée.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
La pompe à vélo permet à tous de regonfler ses roues pour rouler dans de bonnes conditions.
3 pauses conviviales © Julie Calmettes
Les 3 mobiliers suivent la même logique de fabrication